
Pour retourner
à la page "Nouvelles des bases antarctiques", fermer cette fenêtre.
Le
mot des hivernants
juillet 2003
Cliquez sur une photo pour l'afficher, avec une définition
maxima, dans une nouvelle fenêtre
Adultes et
poussins empereurs - Muskeg à Prud'homme
(photos hivernants 53ème mission, juillet 2003)
Juillet, synonyme en
métropole de congé et d’occupations estivales dérivatives, fut marqué en
Antarctique par la monotonie de la routine et le manque d’attention aux
nouveautés. Le calendrier est tourné, voici la dernière ligne droite
entamée. Les regards et les pensées sont
irrémédiablement tendus vers le
retour. Pourtant,
la neige arriva enfin ! Avec les premiers flocons, les activités ludiques en
tout genre, de la bataille rangée aux glissades sur la moindre pente, furent de
mise. Les occupants de la base semblèrent retomber en enfance, mais
rassurez-vous, l’espace d’un feu de paille. En effet, le temps gris, le ciel
bas et le manque de visibilité empêchant les sorties loin de l’île, l’impression
de se sentir enfermé fut envahissante voire obsessionnelle. Treize jours de
neige furent comptabilisés par la météorologie ! Chiffre considérable pour
les faiseurs de balades toujours plus reculées. Il est cependant facile de s’évader
pour celui qui sait regarder et admirer les changements de Dame Nature. Pour ne
citer que les formes et les couleurs des seuls icebergs, de véritables livres
ouverts sont à notre portée. Les regardant tous les jours, il est aisé de les
bien connaître et de vivre au rythme des altérations qu’ils subissent du
vent qui les arrondit, du blizzard qui les sculpte ou du soleil qui fait luire
comme des miroirs magiques leurs faces polies. Il est même possible d’avoir
un pincement au cœur quand une de ces immenses montagnes s’écroule, minée
par les éléments. Quel piteux amoncellement de glace après avoir montré un
port superbe ! En début de mois, la manchotière fut prise d’une fébrile
activité. Le ballet des femelles arrivant et des mâles partant recommença
sous la baguette impérieuse de l’instinct. Vers le 10, de nouveaux cris nous
signalèrent que les poussins étaient sortis de leur coquille. Être le premier
a en apercevoir un ranima, pour un temps, la curiosité de chacun. Le chemin de
la manchotière fut soudainement plus fréquenté. Ces éclosions, bien qu’en
absence de toute publication, n’intéressèrent
pas que nous. La voie des airs fut aussi bien utilisée. Les pétrels
géants,
prédateurs et charognards majestueux, prirent position au-dessus des manchots
comme un vol de gerfauts sur le charnier natal… Naissance et mort ! Mais, il
ne faut pas toujours rêvasser. Les missions doivent être accomplies. Les «
techniques » ne sont pas de reste dans ce domaine. Divers carottages de la
glace de mer révélèrent une épaisseur variant de 95 à 115 cm. La route de l’île
du Lion à cap Prudhomme fut donc ouverte, en toute sécurité, d’abord aux
Muskeg puis aux imposants tracteurs de gros matériel destiné à la
préparation des raids de la saison prochaine. Quels nouveaux monstres que ces
Kassbohrer allant à l’assaut de la plaine immaculée ! Les manchots, grands
curieux, s’avancent à leur rencontre et les regardent, tels de bons vieux
bovins les trains dans la prairie. Le dépôt du Lion se vide lentement tandis
que Prudhomme s’éveille calmement dans l’attente de l’agitation de la
campagne d’été. Dans le cadre du programme ICOTA, une « cabane de pêche
», caravane orgueilleuse des raids passés, fut placée sur la banquise pour le
plus grand plaisir
du VCAT responsable. Il a ainsi un point de chute assuré, hors de la base,
une fois par semaine. Chauffée, elle abrite un trou éternel, couvé à l’image
de jeunes poussins de basse-cour. Elle trône raccordée à l’île par un
puissant cordon ombilical, un câble électrique, véritable muraille de Chine
pour nos compagnons sans ailes qui ont choisi de passer par-là. Du côté des
sciences de l’environnement s’intéressant à l’ozone, des nuages
stratosphériques polaires furent mis en évidence le 1er juillet et neuf
sondages par ballon Météo-France furent effectués dans le mois au compte du
projet QUOBI. Nos diverses activités ne nous permirent pas de partager ensemble
le repas du 14 juillet, date à ne pas oublier, les deux cinéastes profitèrent
d’une accalmie pour filmer les manchots, vedettes de leur film : « la marche
de l’Empereur ». Heureusement, la mission se retrouva au grand complet pour
le dîner des anniversaires du mois. Les cadeaux « made in DDU » firent, une
fois de plus, la preuve de l’ingéniosité des hivernants. Tous ces petits
changements furent, malgré tout, autant de repères pour les solitaires que
nous sommes.
Photo
du mois de juillet 2003
Survoler la miniature avec la souris pour visualiser la photo
agrandie.
Cliquer pour afficher la photo, avec une définition maxima, dans une
autre fenêtre.

(photo 53ème mission, juillet 2003)
Couple de manchots empereurs échangeant son poussin

(photo 53ème mission, juillet 2003)
La cabane de pêche du programme ICOTA

(photo 53ème mission, juillet 2003)
Le trou de pêche à l'intérieur de la cabane