L’arrivée à l’archipel des Kerguelen

Un matin près des Kerguelen

Une décennie a passé, ce matin ressemble à un autre matin. L’archipel des Kerguelen et ses centaines d’îles, grand comme la Corse apparait dans la grisaille, le vent souffle à plus de 45 nœuds, lorsque le Marion Dufresne tente de se stabiliser dans la Baie du Greeenland. La tête de l’homme découpe le ciel à l’horizon.

La première opération de ravitaillement des cabanes à Sourcils noirs et Phonolite est reportée, il faut attendre que le grain passe, le pacha demande au barreur d’abriter le bateau entre des monts.

Depuis deux jours, nous naviguions dans la dépression avec une houle inclinant à plus de 10° le navire.

Tout glisse vers bâbord, puis tribord dans les secondes qui suivent, les verres, les assiettes, les affaires dans la cabine, les chaises, le passager doit compenser sous peine de faire partie des meubles. Dormir est difficile dans ces conditions.

Progressivement le ciel se dégage et le mont Cook crénèle l’horizon et rappelle que Kerguelen est aussi l’endroit qui comprend la plus grande surface de glacier en France (deux fois la superficie des glaciers alpins).

L’après-midi, le vent permet la reprise des opérations. Quelques rotations héliportées vont faire découvrir Port Jeanne D’Arc et Port Douzième aux journalistes présents à bord.

L’IPEV approvisionne plusieurs cabanes. Lorsque le soleil se couche, le programme du jour aura finalement été respecté.

Port-aux-Français : le plein d’émotion

La base nous attend le lendemain matin.

À 8 h 20, heure locale (UTC + 4), je me place à l’avant de l’hélicoptère, même si je ne suis pas le premier à partir, que la dépêche n’est pas avec moi, cette fois-ci ; la position réveille doucement le passé.

Lorsque je pose le pied sur la DZ, la 72e mission nous a réservé un bel accueil. Le café est chaud et réconforte. Ça commence à me serrer la gorge, mes yeux s’humidifient. Puis, brusquement, tout s’accélère, les souvenirs affluent, je reçois une décharge émotionnelle dont la puissance me surprend, je ne retiens plus mes larmes qui vont couler de longues minutes sans que je ne puisse rien faire pour les arrêter.

Quand les rotations de passagers sont achevées, le calme est revenu, j’ai repris le contrôle et nous nous rendons au café de l’Archipel (Totoche) achever la séquence de bienvenue sur le district par le discours du DISKER et les viennoiseries préparées à notre attention. Au milieu de la salle de vie commune, je tombe sur le tableau de ma mission, la 59e.

Les visages défilent, les prénoms et les noms reviennent, les tranches de vie avec chacun d’entre eux. J’ai le droit à une réplique de la première secousse émotionnelle. La rivière lacrymale s’ouvre à nouveau tandis que le chef de district rappelle les consignes de sécurité. J’ai tenu ce rôle, certainement le plus difficile d’une mission. J’apprécie l’instant auquel succède un moment de convivialité devant les douceurs du pâteux.

Sans perdre plus de temps, je monte à la résidence, revoir mon bureau, le logement que j’ai occupé pendant près d’une année. J’y retrouve le DISKER qui installe le directeur de cabinet ainsi que les journalistes.

La résidence

Le Chef de district me demande de l’attendre dans le salon de la résidence, le temps qu’il termine de s’occuper des VIP. Il me rejoint et m’offre un thé. Nous échangeons. Il y a 145 personnes à Port-aux-Français, aujourd’hui, une affluence rarement atteinte ces dernières années, ce qui l’a empêchée de m’offrir le gite à la résidence.

Mais, il a tenu à ce que mon séjour se fasse dans les meilleures conditions. Entre pairs sous-entend-il… Une chambre m’a été réservée à la résidence des météos et du CNES, là où se situe la fameuse Cantina, bien connue des hivernants, lieu de socialisation de la base le vendredi soir avant le repas.

Philippe Guena me raconte son parcours et ce qui l’a conduit à postuler la fonction.

Il fut commandant en second de l’Albatros, un patrouilleur désarmé en 2015, dont les passages sur les districts austraux étaient toujours très appréciés. Nous évoquons les changements survenus depuis ma mission.

Je lui parle de l’amaepf et lui rappelle que la Revue australe et polaire (RAP) a besoin de ses articles ou de ceux de ses hivernants.

La radio n’arrête pas de grésiller : Disker de OPEA, cette phrase va résonner des centaines de fois durant l’opération de ravitaillement entre les deux coordinateurs : l’un à Port-aux-Français, l’autre sur le Marion Dufresne. Je me souviens, la pression, l’adrénaline, la base fourmilière… les OP sont intenses et épuisantes pour les équipes.

Je le laisse à ses tâches, non sans l’avoir chaleureusement remercié pour cet échange.

Et comme tous les matins d’août 2008 à août 2009, j’entreprends un tour de la base.

L’ancienne Tour météo devenu bibliothèque fait partie du parcours. J’y trouve la RAP en bonne compagnie…

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