L’AMIRAL DE KERGUELEN ET LES MYTHES DE SON TEMPS.
L’AMIRAL DE KERGUELEN ET LES MYTHES DE SON TEMPS.
Prix : 19,00€
Description
En juillet 1998 cet ouvrage a été présenté de façon trop succincte l’exemplaire qui nous avait été adressé ne nous étant jamais parvenu et sa mise en vente (juin) correspondant au « bouclage » du numéro 43 de la LETTRE.
Rapidement le livre fut ensuite épuisé; il aura fallu attendre septembre de cette année pour qu’un nouveau tirage le rende de nouveau disponible; bien que tardivement il convient donc d’en souligner les qualités. Une revue rapide et critique des divers ouvrages et notices biographiques consacrés à Kerguelen depuis 1812 justifie ce travail que G. Delépine présente ainsi : Nous allons tenter de reconstituer d’abord sa culture, celle qu’il a reçue et celle qu’il a acquise, pour éclairer sa vision politique du monde, de son pays et de son époque, et percevoir le dramatique écart entre cette vision et la réalité qu’il a durement subie, manifestement sans la comprendre. Ainsi modestement présenté cet essai est intéressant car il ne s’agit pas d’un livre partisan, d’une banale compilation. Si un peu plus de 140 ouvrages imprimés ont été examinés, il a été aussi tiré parti d’une soixantaine d’archives manuscrites dont une quarantaine restées longtemps inconnues ou demeurées inexploitées telles les correspondances échangées entre le capitaine de vaisseau Kerguelen et de son protecteur le duc de Croÿ, précieusement conservées en Westphalie par l’un de ses descendants. (Dans ces archives se trouve aussi, partiellement cité par G. Delépine, un manuscrit intitulé Abrégé historique d’un voyage fait aux terres australes par Monsieur de Kerguelin par Lafortune, sergent commandant le détachement du Régiment Royal Comtois, lequel accompagna Du Boiguéhenneuc lors de la prise de possession). Le livre ne se limite pas au seul Kerguelen des pages sont consacrées au mécénat du duc de Croÿ (chap. 4) – aux rapports que, rentrant de son second voyage aux îles australes le premier entretint à Madagascar avec l’aventurier Beniowsky (chap. 7) – aux destinées de ses protecteurs (duc d’Aiguillon, de Boynes, Buffon, duc de Croÿ) et officiers (Rosnevet, Du Boisguéhenneuc, Charnières, du Couëdic, Ligniville, Pagès, Ducheyron, Rosily, Rochegude – chap. 9).Les trois derniers chapitres sont consacrés à la mémoire du voyage aux îles australes, à ses écrits, dernière utopie, réintégration dans la Marine, retraite et mort.
Si le souci constant d’objectivité retrouvé tout au long des lignes peut agacer les admirateurs inconditionnels du chevalier breton les autres en seront ravis. Il est pourtant vrai que ses écrits postérieurs à 1780 sont bien décevants : La faiblesse de la Relation de deux voyages dans les mers australes… est qu’elle n’annonce aucun résultat scientifique, en dehors de la position géographique de deux extrémités de l’île découverte (…) Or , l’importance d’une expédition à but scientifique se mesure aux résultats rapportés (p. 165). Quant aux autres écrits, quels qu’ils soient, il s’agit le plus souvent de plaidoyers pro domo où se révèle peu à peu la paranoïa grandissante d’un homme par ailleurs non dénué de qualités, dont la première moitié de carrière fut fort brillante.
S’agissant d’un retirage et non d’une réédition les quelques rares défauts présents dans le premier tirage se retrouvent dans le second : répétition des dix dernières lignes de la page 113 au début de la page suivante, absence d’un e final à Marin à l’avant-dernière ligne de la page 206. Il peut être aussi remarqué qu’à la page 80 le sieur Blondeau est qualifié de professeur de mathématiques à Brest, de professeur d’hydrographie cinquante-sept pages plus loin, était-il les deux? Enfin, en pensant au lecteur non averti, on regrettera que la reconnaissance de la côte occidentale de l’Australie par Saint-Allouarn avec le Gros-Ventre soit passée sous silence : (…) le Gros Ventre, qui a cherché la Fortune en vain, est obligé de fuir vers l’est devant le mauvais temps. Il continue la campagne selon les instructions communes, et va jusqu’à Timor (p. 56).
Donc, rien que de mineur à redire sur cet ouvrage à recommander.
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Gracie Delépine.
Mai 1998 L’Harmattan (Paris) broché, couverture illustrée, 13 x 21,5 cm, 11 illustrations avec celle de couverture dont 6 cartes et plan, bibliographie, tables des illustrations et des textes, 224 pages.
ISBN 2-7384-6680-X.